Les Wi-filles décodent le premier forum La France s’engage
Le premier forum La France s’engage s’est déroulé les 30 et 31 janvier au Carreau du Temple à Paris. L’occasion de rencontrer, au grès des allées, les lauréats qui bougent la France instillant leurs nombreuses initiatives dans le territoire. Parmi eux, Wi-filles ou comment les filles prennent le pouvoir en codant.
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Un succès. Près de 5 000 personnes ont participé au forum La France s’engage, le 30 et 31 janvier.
Pour cette première édition, qui s’est déroulée au Carreau du Temple à Paris, 62 lauréats, tous dotés d’un stand, ont pu expliquer comment leur action fait bouger la France.
Lancée en 2014 par François Hollande, président de la République puis conduite par Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, La France s’engage permet de mettre en lumière-et de soutenir financièrement- tous les citoyens, associations ou fondations d’entreprises impliqués pour une société plus juste.
Avec une palette de domaine représenté-éducation, handicap, jeunesse, formation ou lutte contre l’exclusion-le premier forum a ainsi illustré la pluralité de la planète « engagement » à l’échelle nationale.
Dans les allées éclairées du Carreau, impossible de rater les Wi-filles. Leur stand, pile poil, à l’entrée de l’espace leur ont offert une belle exposition. Il faut dire, qu’être (re)connues, elles le méritent.
Portée par le club d’entreprises FACE Seine-Saint-Denis, Wi-filles outille les collégiennes et lycéennes au monde l’informatique. Une façon de les attirer vers le secteur si innovant du numérique mais surtout de rompre avec une croyance : l’informatique, ce n’est que pour les garçons !
« L’intelligence collective » en action
Lancée en 2013, l’opération prend forme lorsque Salwa Toko, membre de Face multiplie les réunions d’informations dans les collèges et lycées du 93.
Celle à qui l’on doit la maternité de Wi-filles compte bien mettre fin aux stéréotypes en vogue dans le secteur.
Les codeuses arrivent en force. D’ailleurs, la campagne de recrutement s’avère fructueuse. Les élèves et les parents, sont séduits, par les bonnes paroles de Salwa.
La première promo Wi-filles démarre en février 2014. Au total, 10 jeunes filles plongent dans l’univers du code et du langage HTML.
Réticentes voire timides pour la plupart, Wi-filles donnent rapidement naissance à des chrysalides.
Comme Kaouthar (à droite de Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education nationale), 18 ans aujourd’hui, incapable à l’époque, de prendre la parole en public.
« Après Wi-filles, j’ai pris confiance en moi ». Résultat, elle obtient 20 sur 20 à son oral de marketing au bac.
A 16 ans, Chérazade, quant à elle, impressionne par son assurance et son sens de l’analyse. Il y a aussi Océane, 16 ans qui égrène, calmement, les nuances des différents langages informatiques. Notamment.
Un groupe est né
A ses côtés sur le stand, Gervina échange avec Mike-Steven, 22 ans et Philayvane, 21 ans. Tous les deux sont étudiants en web-design à l’IUT de Bobigny, en Seine-Saint-Denis. Ils se sont déplacés à la France s’engage pour aider les Wi-filles à refaire leur logo.
« Elles avaient envie de changer », explique le jeune étudiant. Sur l’écran, une série de typographies différentes. Le brainstorming s’improvise entre rires et discussions, les filles s’approprient le projet.
C’est ce que Salwa attendait. « Avec Wi-filles, je voulais aller plus loin que la rencontre classique entre des jeunes et des professionnels du numérique ».
Elle le sait, pour apprendre rien de mieux que de se jeter dans le grand bain. « Il fallait leur faire mettre les mains dans le cambouis en quelque sorte ».
Elle fait bien. Depuis les Wi-filles ont pris leur indépendance en apprenant le code mais surtout en « prenant conscience de ces nouvelles compétences qu’elles appliquent à l’école », poursuit Salwa.
Elles ont les codes
Et dans la vie d’ailleurs. Lors du passage de François Hollande sur le stand Wi-filles comment ne pas être frappé par l’aisance de ces jeunes codeuses ?
Imène, 15 ans, en première scientifique, et Andréa, passée par une classe Segpa (1), accueillent le président l’initiant au code. « On lui avait préparé un jeu, Le Juste Prix, qu’on a codé en C (un langage informatique, ndlr)», s’amuse Imène.
Une ambiance de travail détendue qui montre à quel point Wi-filles est bien plus qu’une initiative lambda.
Certes, les filles manient, dorénavant le code avec brio. Mais Wi-filles, c’est surtout un groupe construit sur une cause commune. « Visibiliser » les femmes dans un domaine encore trop dominé par les hommes.
Pas étonnant que ces jeunes citoyennes s’impliquent pour changer le monde à coup de code.
(1) Section d’enseignement général et professionnel adaptée.